Patrick Valas / Qu’est-ce que l’inconscient ?
Texte paru le 9 octobre 2015 sur le site de Patrick Valas
Qu’est-ce que l’inconscient ?
C’est un trou.
Freud l’illustre par l’ombilic du rêve dont les racines sont comme celles d’un mycélium.
C’est ainsi qu’il conçoit le refoulement originaire, jamais levé qui attire dans son tourbillon les représentations constitutives des formations de l’inconscient, rêves, symptômes, lapsus auxquels il à faire dans la psychanalyse.
Le rêve, comme formation de l’inconscient en est pour son accès la voie royale.
Lacan ne dit pas autre chose sinon autrement à savoir, que l’inconscient est le réel dont nous sommes affligés, nous les Parlêtres.
Il définit alors l’inconscient comme étant un trou, un trou « inviolable » dans le réel.
Pour lui, seul le signifiant peut faire trou dans le réel.
Autrement dit ce trou jamais levé est « cerné » par les signifiants qui lui font bord, car s’il n’en était pas ainsi ce ne serait pas un vrai trou.
À la différence de Freud mais tout en restant dans son erre, Lacan avance que ce trou n’est pas comme un ombilic mais plutôt comme une bande de Moebius, dont chacun sait qu’elle est torsadée en sorte qu’en la parcourant on passe de son endroit à son envers tout en restant sur la même face sans franchir le moindre bord.
La bande de Moebius est un bord et que borde-t-elle ?
Le trou inviolable du refoulement originaire qui se structure à partir de l’entrée du signifiant dans le réel.
Voilà pourquoi Lacan peut dire que l’inconscient est réel tout en étant structuré comme un langage, en tant que le signifiant le borde, le cerne.
Il a essayé avec la topologie de comprendre, de présenter ce qu’il en était de l’inconscient parce que la topologie est ce qu’il y a de plus avancé dans le raisonnement mathématique tout en soulignant qu’entre le raisonnement mathématique et l’inconscient il y a toute la différence d’un lien qui impose sa loi au Réel.
Le raisonnement mathématique a une consistance imaginaire.
La topologie a l’avantage de donner un support imaginaire au langage et du même coup de montrer que c’est l’Imaginaire qui fait lien entre le Réel et le Symbolique.
On ne sait pas où passe la frontière entre l’Imaginaire et le Réel, mais l’Imaginaire donne consistance au Réel qui d’être ainsi lié au Symbolique c’est-à-dire le langage est bien ce qui permet d’énoncer ce qu’il en est de ce que Freud nomme l’inconscient.
Lacan le symbolise par une bande de Moebius (entre autres) bien venue pour figurer l’inconscient dans lequel on est désorienté.
Ne chipotons pas trop, la cure analytique se déroule selon la diachronie de son « histoire » racontée par le sujet, lequel à son insu parcourt pour de vrai le Réel de la structure qui revient dans sa synchronie toujours à la même place.
Cette structure détermine son désir inconscient, qui est toujours le même dit Freud, indestructible.
Pour illustrer ce procès :
1 ) Soit une bande de Moebius, en la coupant par le milieu, au terme de son premier bouclage on obtient une bande bilatère avec un envers et un endroit :
2 ) En coupant celle-ci à nouveau on obtient deux bandes blatère enchainées, ainsi de suite etc., jusqu’à une multiplicité de ronds noués.
Autrement dit l’inconscient est à comprendre comme étant figuré par le trou central dont la bande de Moebius est le bord qui le cerne.
Quand le sujet parle il ne fait que suivre ce bord de son inconscient inaccessible au pas à pas des signifiants « crachés » par « La Chose freudienne – soit l’inconscient ».
Lacan l’épingle d’être la « Crachose ».
À force de tournage en rond, « averti » par les interprétations de l’analyste, qui sont autant de réponses spécialement connes à ses propos, le sujet apprendra de quoi il est prisonnier, il aura suffisamment appris à apprendre, quoi ?
Pas seulement « je sais », ni « qu’il sait l’Autre », mais en 2 tours (5) : « Je sais qu’il sait que je sais qu’il sait » quoi ?
Comment faire avec mon Sinthome et la stéréotypie de sa jouissance spécifique pour me diriger dans le « pot-au-noir » de mon inconscient, qui est un savoir spécialement emmerdant en étant « orienté » non pas « vers le réel », comme on l’entend dire par des ignorants, mais par le Réel qui se manifeste dans la répétition par son insistance à revenir toujours à la même place.