Sommes-nous tous addicts ? Peut-on parler d’une addiction commune ?
Héroïnomanes invétérés, hachichins adolescents, crackers compulsifs, alcooliques anonymes, tabagiques pathologiques, adeptes de jeux vidéo jusqu’au bout de la nuit et joueurs compulsifs du Loto, Casinos et autres Rapido cohabitent en bonne intelligence puisqu’ils s’identifient tous maintenant comme addicts.
Ainsi, le terme d’addiction n’est plus seulement réservé à la clinique mais devient omniprésent dans le champ social et de nouvelles questions surgissent sans cesse à ce propos : faut-il interdire la cigarette électronique dans les lieux publics ? Faut-il ouvrir une salle d’injection à Paris ? faut-il autoriser l’utilisation du Baclofène dans le traitement des alcooliques ? Quel est le nombre d’heures de présence devant l’écran souhaitable pour ne pas nuire à notre équilibre psychique ? etc.
Aujourd’hui, le sujet est beaucoup moins attiré par l’objet de son fantasme (qui est toujours un objet perdu) que par les objets qui envahissent notre espace et sont proposés à notre jouissance.
Car l’addiction contemporaine est caractérisée par un rapport à un objet manufacturé, normé, marchandisé, acheté et aussitôt consommé, à l’obsolescence rapide, relançant ainsi sans cesse le désir du sujet par un storystelling publicitaire envahissant. C’est l’objet paradigmatique du discours ambiant, du divin marché.
Si l’addiction est le symptôme de notre dépendance à l’endroit d’une jouissance quelle qu’elle soit, Lacan pour sa part le formulera ainsi lors d’une conférence à Milan en 1973 :
« l’exploitation du désir, c’est la grande invention du discours capitaliste, parce qu’il faut l’appeler quand même par son nom. Ça, je dois dire, c’est un truc vachement réussi. Arriver à industrialiser le désir, enfin… on ne pouvait rien faire de mieux pour que les gens se tiennent un peu tranquille, hein ? … Et d’ailleurs on a obtenu le résultat ». A retrouver ici à la fin du document►
Samedi 29 octobre – 14h 30
Salle de conférence
Saint Dominique – 06000 NICE
À l’alcool, au sexe, à la drogue, aux jeux vidéo, au pouvoir, à la roulette, aux séries télévisées, aux somnifères…
À l’heure de l’addiction généralisée à l’égard de ces objets peut-on dire que l’addiction est une entité définissable et isolable ou bien qu’elle est une manifestation symptomatique dans un ensemble beaucoup plus complexe ? Car derrière ce terme qui aujourd’hui fait flores peut se cacher un maître autrement plus redoutable, l’addiction, génératrice insatiable de jouissance autistique, « célibataire », qui même partagée n’a que faire de l’Autre.
Certes la dépendance et l’addiction se ressemblent comme deux sœurs, pourtant cette dernière exige dans sa puissance, une satisfaction implacable : à peine rassasié, il faudra recommencer encore et encore.
Que le sujet accro jeune ou moins jeune sache y faire, pour le meilleur et souvent pour le pire, avec son addiction ou qu’il cherche à s’en défaire en adressant une demande d’écoute, d’aide ou de soins à quelques autres, n’est-il pas celui, qui a troqué, l’amour et le désir pour une emprise sans merci ?
L’origine de l’addiction doit-elle s’interpréter comme un comportement déviant face à l’objet qu’elle vise : alcool, nourriture, jeux vidéo, sexe… nécessitant une réponse médicale et réadaptative : méthadone, sevrage, régimes, cures de désintox, etc ? Ou s’agit-il plutôt d’interroger l’histoire de sujets aliénés à un mode particulier et exclusif d’être ou de ne plus être, courant après leur identité ?
Quelles sont les thérapies dont les résultats démontrent la possibilité d’une véritable rupture avec l’addiction ?
Alice BASSETPsychologue clinicienne au CIDFF06 et anciennement en CSAPA (Centre de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie). Doctorante au LAPCOS en psychologie clinique (Université Côte d’Azur) |
Jean-Marc CalvetArtiste peintre contemporain originaire de la ville de Nice, présent dans les collections permanentes de différents musées et fondations Outre Atlantique. |
Agnès JEANJEANProfesseur d’ethnologie anthropologie Directrice du Département Ethnologie Anthropologie de l’Université Côte d’Azur. LAPCOS Campus Saint-Jean-d’Angély Nice. |
Nathalie PINARDPsychologue clinicienne. Anciennement sapeur-pompier volontaire, formatrice en victimologie et psychotrauma au sein du SDIS 972, travaille actuellement sur la lréduction des conduites addictives au volant, dans le cadre des stages dits « justice ». |
Tihomir PETKOVPsychologue hospitalier |
Jean-Jacques TYSZLERPsychiatre, psychanalyste, médecin directeur du centre médico-psycho-pédagogique de la MGEN à Paris. |
Une création originale écrite par des psychanalystes, interprétée par les comédiens de la compagnie Métamorph’théâtre.
Après les phobies, les perversions, la famille, le thème des addictions est abordé dans cette comédie musicale, sans compromission mais toujours sur le ton de l’humour.
Cette création originale, vous emportera sur la scène de l’Accrobar, un célèbre cabaret parisien, dont le patron et Édith sa serveuse, proposent à la clientèle tout ce qui se consomme en matière de drogue.
C’est ainsi que nous verrons se rencontrer, Sigmund Freud et Sherlock Holmes, Janis Joplin et Marguerite Duras, un vampire amoureux, un fou du jeu et d’autres clients tout aussi addicts que déjantés. Si tous sont venus s’encanailler le temps d’une soirée, la découverte d’un crime va bouleverser leur projet…
Rencontre-débatSupporter la vie, est-ce si difficile ?…Samedi 29 octobre 2022 | 14h 30Lieu : Salle de conférence Saint Dominique – 06000 NICE L’entrée de la salle de conférence Saint Dominique se trouve en face de l’Opéra de Nice, entre le 7 et le 9 de la rueSaint-François de Paule. |
Création théâtraleACCRO’SCOPIEDimanche 30 octobre 2022 | 15hLieu : Théâtre Francis Gag, 4 rue de la croix
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