Il est facile d’entendre dans le vocable « ego » du titre de ces journées, l’égoïsme, le quant à soi, le sujet qui n’a de limite que lui-même. Pourrait-on paradoxalement parler aujourd’hui d’un individualisme de masse ?

Si la société prône l’individualisme à des fins capitalistes, la promotion de l’égo en est son bras armé. Narcisse est désormais aux grands magasins et consomme en fonction « d’idéaux en série ». Le repli du sujet sur cette dimension imaginaire de lui-même ne lui laisse plus comme perspective que la jouissance de l’avoir, au détriment du questionnement de son être.

Il est devenu courant d’entendre que nous vivons dans un monde où la frontière entre l’autorisé et l’interdit s’estompe, où les sujets pensent échapper à toutes limites, qu’ils « s’auto-nomme-isent ». Narcisse qui se noie en lui-même cultive désormais l’illusion qu’il est maître en sa propre demeure. En ne rencontrant que des mêmes, il ne parvient plus à être orienté par la préoccupation de l’alter, ce semblable qui diffère. Le discours dominant du monde contemporain incite au déploiement de l’égo, au « développement personnel », exigeant la quête d’un bonheur érigé en raison de vivre. Et selon la formule consacrée par Lacan, le Sujet se trouve ainsi « retranché ».

Et pourtant…

Face au déclinisme affiché de ce que certains nomment « le monde d’hier », il y a cependant lieu d’affirmer qu’aujourd’hui d’autres s’emploient à trouver de nouveaux appuis symboliques. Comment des parents, des professionnels (praticiens psy, pédagogues, travailleurs sociaux, chercheurs…) sont-ils conduits à examiner le mode particulier de la rencontre de chacun avec ce qui fait bord ? En nageant à contre-courant de la tyrannie du « narcynisme » ambiant pour placer leurs propres limites au service de la rencontre, instituée ou informelle. Ce sera la question centrale de ces journées.