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Charles Melman / LA XÉNOPHOBIE SERAIT-ELLE UNE NORME PSYCHIQUE ?

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Image R, Ghosts of Ellis Island ©JR Texte publié dans les actes du colloque Les pouvoirs de l’abject. La xénophobie serait-elle une norme psychique ? Mars 1992. Colloque organisé à Nice par Recherche et Etudes Freudiennes en partenariat avec l’Université de Nice.

La xénophobie est-elle une norme psychique ? Devant la crainte qu’évidemment, une ambiguïté ne flotte autour de ce titre que j’avais proposé, quant à la position de ceux qui seraient amenés à intervenir, eh bien un sous-titre a donc été rajouté qui était « Les pouvoirs de l’abject ». Et ce sous-titre dit déjà la difficulté qu’il y a à traiter ce problème, car c’en est un, ce grand symptôme social, à traiter ce symptôme d’un point de vue qui soit clinique et non pas moral. Ne serait-ce que dans la mesure où pour nous, clinique et morale ne sauraient aucunement, dans un premier temps, se trouver confondues.

L’inconvénient à propos de ce thème étant manifeste, puisqu’il est certain que, par ce sous-titre, « les pouvoirs de l’abject », c’est-à-dire la dénonciation initiale faite de la xénophobie, on participe d’une méthodologie, c’est-à-dire le rejet, l’exclusion de l’objet ici considéré, rejet qui est parfaitement congruent avec le mécanisme même de la xénophobie. Autrement dit, dans un temps préalable, préliminaire, on exclut, on met dehors d’emblée ceux qui viendraient soutenir ou supporter une telle manifestation. On les rejette. Et une telle procédure, morale, a un inconvénient logique majeur : mettre les xénophobes dans cette position de rejet, c’est évidemment les mettre dans une position assez privilégiée pour constituer avec eux un couple, un couple extrêmement solide… Fut-ce sur le mode des antagonismes, de l’opposition, de la dispute, mais enfin ça fait quand même partie de la relation amoureuse ! Et cette procédure consiste donc à faire de la xénophobie, ou des xénophobes, de ceux qui supportent (…) un objet, un objet d’attachement. Ce qui, comme on le devine, conduit aux impasses habituelles. Car après tout, il y en a bien une sur la question, pour qu’elle reste dans l’état primaire que nous lui connaissons. Car malgré les ouvrages de réflexion parfois excellents qui concernent ce thème, on ne peut pas dire néanmoins que, quoi que ce soit de décisif nous amène, là-dessus, à trancher comme il faut.

J’avais donc tenu, par ce titre,  « La xénophobie serait-elle une norme psychique ? » à bien soulever cette question préalable : est-ce qu’elle ne fait pas partie de façon habituelle, fort ordinaire, de notre appareillage psychique ? Est-ce que ce n’est pas ce que nous trouvons dans notre mental, du fait même que nous en avons un ? Est-ce que la xénophobie n’en est pas un ressort, constituant ? Est-ce que nous ne commençons pas tout de suite par nous en défendre ? Commençons par voir si effectivement c’est bien le cas. Autrement dit, commençons par l’endosser, ce qui est bien la moindre des choses, avant de la rejeter, de la faire porter sur autrui pour la dénier, c’est un processus paranoïaque par excellence, le processus xénophobe lui-même. Or, ne serait-ce qu’à poser le problème sous cette forme, il est clair, immédiat, évident de répondre : absolument, la xénophobie fait partie de l’appareillage mental de quiconque. On peut s’en défendre, on peut la refuser, on peut estimer que vraiment, on a là des choses qui viennent et qui ne sont pas bien, on ne sait pas d’où elles viennent, etc. Mais pourquoi est-ce qu’on peut affirmer qu’elle fait partie de l’appareillage mental, de notre appareillage mental normal ? Eh bien, tout simplement   parce que nous savons ce que c’est la phobie, et que nous avons la phobie de tout ce qui est xenos ? C’est la définition même de la phobie : nous avons la phobie de tout ce qui est étrange, ou l’étranger. Et que ce soit un symptôme social, collectif, ne vient qu’éclairer le mécanisme, justement, de ce trait, de ce symptôme xenos. Qu’est-ce qui se passe quand l’étrange, le xenos, devant lequel nous sommes tous phobiques, … – nous passons notre temps à organiser notre vie pour nous en défendre, nous passons notre temps, à être endormis, à être dans nos habitudes, nos coutumes, nos voisinages, nos groupes pour nous protéger contre l’irruption du réel malgré les efforts que nous pouvons faire pour nous éveiller pour justement ne pas dormir… – qu’est-ce qui se passe quand l’étrange, le xenos, le réel, s’incarne dans la figure de l’étranger ? Ce n’est pas une figure quelconque, ce n’est pas le cheval du petit Hans, ce n’est pas les petits hommes verts qui viennent de Mars. Qu’est-ce qui se passe donc quand c’est l’étranger qui vient pour nous éveiller cette dimension du réel, du xenos. J’hésite à le souligner tellement c’est évident. Il en résulte évidemment, chez chacun, une mise en vacillation de sa propre identité puisque l’étranger, lui a pour particularité de se réclamer comme moi d’un père ; et dans la mesure où nous ne partageons pas, à cette occasion-là, le même, le surgissement de l’étranger met en cause ma propre identification, ma propre identité et, entre autres choses, le rapport à ma propre filiation. La question décisive se posant entre l’étranger et moi dans ce qui inévitablement s’organise dans une compétition, et en particulier une compétition virile ; eh bien la question qui se pose tout de suite, c’est de savoir qui fait la loi à l’autre. Autrement dit, qui met l’autre dans une position Autre ? Puisque ce sont là les deux positions possibles, les deux places possibles. Qui féminise l’autre ? Et c’est bien pourquoi il est si fréquent d’entendre dans les thèmes xénophobes des préoccupations qui ne sont pas seulement racistes, mais aussi homosexuelles et où les thèmes sexuels interviennent avec cette constance, cette facilité que l’on sait. La question du rapport spontané, intuitif, immédiat, du rapport avec l’étranger viendra obligatoirement, de façon non réfléchie, s’inscrire dans ce dispositif.

Il viendra d’autant plus s’inscrire dans ce dispositif que, c’est là ce qui est remarquable et que je m’acharne à répéter pour le faire valoir, c’est que le père auquel nous nous référons en tant qu’il habite le réel, notre dieu Lare, eh bien ce père, du fait même qu’il est en position Autre, combien de fois l’ai-je fait remarquer, est pour nous en position d’étranger… ou bien nous en position d’étrangers par rapport à lui. Et je souligne tout le temps tout l’effort que nous faisons pour nous faire reconnaître comme ses fils, tous les sacrifices que nous pouvons consentir à cet égard.

Dans cette mesure-là, l’émergence dans la réalité de la figure de l’étranger vient aussi me rappeler qu’après tout, il est peut-être, lui, le représentant le plus adéquat de ce père. C’est-à-dire que, non seulement il vient déranger ma propre identification, il vient la faire vaciller, mais il vient douloureusement rappeler que je ne peux être certain, en dernier ressort, de la reconnaissance par ce père qui, après tout, reste à distance, reste Autre, reste capricieux.

Ce qui fait donc que la présence de l’étranger ne peut que venir en quelque sorte m’inciter à vouloir me confirmer dans mes identifications, et en particulier filiales, c’est-à-dire provoquer chez moi ce réflexe pour assurer que cette identification a bien été réussie, qu’elle est bien assumée. Et cela peut se faire d’autant plus facilement que, si ce symptôme, donc, par lequel je suis habité, je le rencontre également chez mon semblable (je dis bien, mon semblable en tant que nous relevons de la même chapelle, de la même filiation, du même groupe, de la même langue, des mêmes coutumes), il y a là une précipitation d’identifications collectives qui vient me confirmer, chez le petit autre, dans la validité de mon symptôme, dans son bien-fondé.

Et dès lors, ce plaisir considérable, cette jouissance de pouvoir constituer, avec mon semblable, un groupe, une collectivité, où ce qui fait ordinairement mon antagonisme avec lui, avec mon semblable… Il y a toujours avec mon semblable cette relation d’hostilité fraternelle, de rivalité fraternelle, de haine fraternelle… C’est bien la possibilité que cette haine entre semblables s’annule, que s’opère cette grande réconciliation, face à ce qui est là un ennemi commun, cet étranger venu ainsi me chatouiller dans ce qu’il peut y avoir chez moi de plus fragile.

Avec cet avantage qui n’est peut-être pas parfaitement souligné, qui est que dans un tel groupe constitué donc par une fraternité, un copinage organisé contre ce xenos qui nous est commun, eh bien à partir de ce moment-là, j’ai le sentiment que cette distance, ce hiatus qui me séparait du père, de la figure tutélaire, de la figure paternelle, ce hiatus se trouve à ce moment-là, aboli, que nous nous trouvons réconciliés en quelque sorte par cette unité même, par cet agglomérat ; qu’il réalise une réconciliation avec ce père dont l’étrangeté se trouvait rappelée par l’émergence de ce petit autre dissemblable. Ce que je dis là, c’est la Psychologie des masses de Freud ! Mais il faut quand même, je crois, le rappeler.

Alors, on voit bien la jouissance propre à un tel groupe. C’est la jouissance de tous les groupes, en quelque sorte, qui ont connu, par exemple l’armée, qui ont connu les guerres, toutes ces collectivités homogènes, fraternelles, organisées par un combat contre un ennemi commun, un étranger commun, et vous savez combien ces groupes laissent souvent des nostalgies considérables chez ceux qui y ont participé, une fois qu’ils sont dissous, une fois que les circonstances ne leur permettent plus de se maintenir, tous les regrets, enfin, de ce qui a été la grande période, la belle période. Et cela d’autant plus que dans ces groupes, organisés par la fraternité, le copinage, la parfaite sociabilité, l’amour parfait du semblable, le transitivisme, par certaines formes de générosité, d’oblativité entre semblables, tout à fait authentiques, de communauté exemplaire par le dévouement pour son semblable, par le sacrifice pour lui, par l’amour pour lui, tout ça est authentique, eh bien dans ces communautés, il est clair que la différence des sexes se trouve enfin abolie…

Elle ne prime plus comme elle fonctionnait auparavant. La femme, ici, dans ces cas-là, elle est une militante comme les autres — et même parfois, bien plus encore que les autres ! Ce qui fait que la frontière ne passe plus, dans un tel groupe, entre homme et femme, mais entre une communauté où la distinction homme-femme est en quelque sorte réduite, face à un réel, face à un étranger menaçant. Et c’est dire que du même coup, dans de tels groupes, ce qui prime, ce n’est pas le rapport…, il faut, là-dessus, faire attention, faut pas déraper…, ce n’est pas en tous cas la jouissance sexuelle comme telle, mais c’est le rapport sublimé au représentant du sexuel, c’est-à-dire au phallus. Ce n’est plus la même chose ! Tout le monde, dans ce groupe, est sublime ! Et ce qu’il vise, ce n’est plus son intérêt propre, il le sacrifie au profit de la collectivité.

Autrement dit, il y a en permanence, chez nous, cette nostalgie de cette paranoïa collective. L’un des traits de la paranoïa… Comment vous dire ? Je ne voudrais pas vous en donner une formulation trop crue, trop obscène — bien qu’elle le soit fondamentalement. Mais c’est l’idée qu’un phallus étranger va venir vous pénétrer. Le paranoïaque, il passe son temps à cavaler, à cavaler devant ça qui le poursuit. Eh bien quand ça a le bonheur de se réaliser, ce fantasme, à l’échelle collective… C’est la joie !

C’est pourquoi ce que je suis amené à faire remarquer, c’est que la xénophobie est une forme, est la forme élémentaire de la vie sociale. Élémentaire, je veux dire spontanée, non dialectisée, non conceptualisée, non réfléchie, c’est-à-dire l’organisation de tribu. On parle tellement actuellement de ce qui se passe de tribal… Mais ce que je suis en train de raconter à propos d’un tel groupe, c’est à très exactement parler, d’un point de vue anthropologique, une organisation tribale. Sauf que le père, là, n’est plus dans le réel, puisque ce qui est dans le réel, eh bien c’est la figure menaçante d’un père étranger. C’est à dire que le caractère fondamental étranger du père se trouve nié au profit de ce clivage entre d’une part ce père parfaitement assumé, auquel on serait parfaitement, collectivement identifié, et puis la projection dans le réel du père étranger, mais ce coup-là, en tant qu’hostile, menaçant.

Alors, moi, ce que je raconte, c’est que la xénophobie est la forme élémentaire de l’organisation sociale, dans la mesure où nous avons tous les témoignages des ethnologues que c’est là la forme rudimentaire de l’organisation sociale.

Je crois que nous ne pouvons pas oublier ceci, c’est que l’organisation sociale obéit pour l’essentiel à des règles qui nous sont inconscientes. C’est comme les règles qui régissent nos échanges : pourquoi est-ce que les politologues qui sont des gens intelligents, pourquoi les économistes qui sont des gens souvent extrêmement savants, pourquoi est-ce qu’ils se cassent systématiquement les dents sur ces manifestations ? Eh bien c’est parce que, aussi affinés soient leurs concepts, il y a là un champ qui leur échappe et qui fait qu’aussi bien le domaine de l’échange que de l’organisation sociale, obéit à des lois qui sont des lois inconscientes. Et la preuve en est que tous les systèmes conçus, imaginés pour résoudre les tensions sociales et pour assurer une vie heureuse, nous savons depuis très exactement Platon et Aristote, que c’est le pire. Et qu’il faut donc chaque fois en revenir à ces espèces de formes spontanées, même si elles ont une évolution historique, dont la démocratie constitue l’un des derniers avatars, nullement obligatoire, comme on le sait. Mais en tous cas, l’organisation sociale, la vie politique, elle se décide à des niveaux qui échappent à la conscience. Notre rapport au pouvoir, par exemple, ce que nous en attendons, la façon dont nous l’aimons, ce que nous en voulons, échappe à la conscience.

Ce qui fait que la xénophobie n’est pas de l’ordre, ce n’est pas une pensée, chez nous, dans ce que nous vivons. C’est un affect. C’est une haine qui vient, sans savoir d’où elle vient, ni pourquoi, ni comment, et qu’un sujet éprouve normalement. Par « normalement », il y a à entendre ici en tant que notre appareillage psychique, notre mental, est conçu comme il est conçu.

Alors, il est évident que, dans un groupe social, chaque fois qu’émergera du réel, c’est à dire quelque chose qui rappelle que ça ne va pas, sans qu’on sache pourquoi ni comment, mais chaque fois que dans un groupe social émergera du réel, eh bien il y aura comme réponse à cela, c’est-à-dire à cet éveil provoqué dans le groupe social, il y aura une réponse spontanée, collective, intuitive et immédiate, qui sera de l’ordre de la xénophobie. C’est la réponse automatique donnée à ce qui fera apparition, présence de l’étrange, de ce qu’on ne comprend pas, de ce qu’on ne sait pas, de ce qui témoigne que ça ne va pas, que les positions changent, que les places, que les rapports se modifient. Il y aura cette réponse par la xénophobie, il y aura une interprétation par la xénophobie.

Je pourrais à ce propos si c’était nécessaire, je ne sais même pas si c’est nécessaire, mais pourquoi pas ? souligner que, dans notre culture, culture chrétienne, il y a une figure qui vient, pour des raisons historiques que nous savons, rappeler en quelque sorte, symboliser de façon inévitable cette dimension de l’étranger, et en particulier du père en tant qu’étranger. C’est évidemment le juif évidemment ! Ce qui fait que, même quand il n’y en a pas, quand il n’y en a plus, pour des raisons quelconques, d’extinction par voies, par façons diverses…, eh bien il est toujours là. Il n’a pas besoin d’être physiquement présent pour ne pas être présent actif dans l’organisation psychique. Rien de tel que ce signifiant pour, justement, nous rappeler cette histoire où c’est lui qui a inventé tout ça, précisément le rapport à ce père, l’amour pour ce père, et ce père qu’on ne peut pas voir, si distant, éloigné, dont on ne sait pas ce qu’il raconte, dont on ne sait pas ce qu’il veut, dont on ne sait pas très bien ce qu’il a dit, dont on passe son temps à interpréter les textes, et on s’évertue pour se faire ses fils… C’est lui ! Alors, il ace qu’il mérite, là… Il n’avait qu’à faire autre chose, faire des affaires…

Je vous fais remarquer ceci : ce que je vous raconte, et c’est sûrement le prix que je peux attacher, moi aussi, finalement, à l’existence de lieux comme ceux que nous arrivons à maintenir ou à mettre en place, est absolument inaudible en dehors d’espaces tout à fait limités et sélectifs, et sélectionnés. Allez raconter ça ! Vous imaginez tout ce qui vous tombera aussitôt sur…, la façon dont…, tout ce dont vous allez aussitôt être accusé ? On va vous dire que vous faites le jeu de l’ennemi. N’importe quoi ! Mais néanmoins pour nous, nous qui nous intéressons à la clinique, est-ce que ce que je vous propose là et qui me parait, je dois dire, quant à moi, j’ai presque honte de vous le dire tellement ça me parait du B. A BA, tellement déductible à la fois des enseignements de Freud et de Lacan… Des enseignements de Freud puisque c’est quand même lui qui a écrit et Totem et tabou, et Moïse et monothéisme que l’on se refuse d’entendre. C’est formidable, ce qu’il a fait là ! En 1939, aller dire, comme ça, que Moïse était un Égyptien ! Allez faire ce que vous voulez, après, pour vous réclamer d’une filiation bien assise, hein ? et pour vous donner un uniforme qui soit bien le même pour tous, et puis des saluts qui soient bien collectifs et bien identificatoires ! C’est quand même lui qui a fait ça, c’est lui qui a écrit Psychologie collective. Et c’est quand même Lacan dont l’enseignement me parait, comment dirais-je, parfaitement interne à ces quelques remarques élémentaires que je suis en train de vous faire.

Alors, vous me direz bon ! Alors, si c’est le cas ?

Alors, si c’est le cas, s’il est vrai que la xénophobie fait partie de la normalité psychique, car c’est bien ce que dans un premier temps, je souhaitais faire entendre…, faire entendre que nous sommes tous des abrutis ; la preuve qu’il ne faut pas passer son temps à dire que c’est lui qui est abruti et nous, nous sommes blancs comme neige, « c’est lui le noir, c’est moi le blanc ». Non ! Il importe donc dans un premier temps de faire cette analyse clinique, quitte ensuite à mieux situer ce qui éventuellement aurait à être dit, si tant est qu’il y ait quelque chose à dire. Puisque, je le dis bien, la procédure habituelle qui consiste à rejeter l’autre dans les ténèbres, c’est la meilleure façon de s’engager avec lui dans une valse où l’un est accroché à l’autre et où on s’aime, on s’aime… Férocement. Supposons que demain, dans notre pays qui se distingue justement par l’importance en Europe… (c’est celui où en Europe, ces manifestations-là sont les plus populaires), supposons que demain, celui qui anime tout cela, qui supporte tout cela, vienne à disparaître. Quelle perte ce serait ! Il resterait à parler de quoi, on s’embêterait… Je vous fais remarquer cela pour souligner combien il y a un attachement inévitable à cela même que l’on exclut, que l’on rejette, que l’on bannit, si on n’a pas la procédure qui peut être la nôtre.