HOUCHANG GUILYARDI / Le corps en expansion
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Texte paru dans les Actes du Séminaire de l’AEFL 2007-2008
Elisabeth Blanc : une brève présentation d’Houchang Guilyardi que vous connaissez bien, car il est venu plusieurs fois à Nice. Il est psychiatre, psychanalyste à Paris, fondateur de l’association Psychanalyse et Médecine : APM qui a organisé un colloque important sur le corps en 2000 et qui a fait l’objet d’une publication : Le corps a ses raisons.
Houchang Guilyardi : il y a eu d’autres congrès, La dynamique de la structure. À corps perdu. Un colloque sur l’hystérie, sur l’anorexie. Un colloque sur l’Acte également. Le passage à l’acte et l’Acte et le Savoir. Ceux-là sont en cours de parution. Le corps a ses raisons est paru.
Il y a un site qui s’appelle Association Psychanalyse et Médecine sur le moteur de recherche Google. Sinon vous faites : www. psychanalyseetmédecine. org. Là vous trouverez en ligne toutes nos activités.
Il y a également un courrier de l’association qui compte maintenant 25 numéros et qui présente quelques travaux.
On a fait également une édition Télévision de Lacan à laquelle je tiens beaucoup, qui est une édition orale, c’est-à-dire que nous avons essayé de respecter strictement, non seulement ce que disait Lacan, mais aussi ses intonations, ses rythmes, ses interruptions, ce qui fait qu’on l’entend pas mal et moi j’aime ça, on entend sa voix, on l’entend hurler, scander, s’arrêter. C’est pas mal. C’est beaucoup plus lisible, ce n’est peut-être pas ce qu’il faut dire, mais c’est plus lisible que la version du Seuil.
Allez donc voir sur le site ce qui se passe dans cette association. Psychanalyse et Médecine, ce n’est pas une association, c’est un mouvement qui essaye de reprendre la clinique du corps pour l’intégrer dans le travail analytique et dans la théorie analytique de façon renouvelée parce que cela a toujours été fait de manière assez légère ou assez heurtée ou assez hystérique. La façon des psychanalystes d’aborder les pathologies du corps, la Médecine et l’Hôpital, de même que la manière qu’ont les médecins d’aborder la psychanalyse, a toujours été un peu difficile. En général, la psychanalyse n’a pas de place à l’Hôpital.
Dans les années soixante 90, les psychanalystes ont pris beaucoup de participation dans les hôpitaux psychiatriques. C’est pas impossible que cela ait apporté des avantages considérables à la clinique et à la théorie psychanalytique, c’est pas mal arrêté cette affaire, mais pour ce qui concerne l’hôpital général, les maladies physiques, ça n’a pas été le cas, or, c’est un réservoir absolument colossal, génial justement d’approche et de réel, d’ailleurs Élisabeth Blanc insiste toujours sur la clinique chaque fois que je fais une intervention.
C’est une clinique extraordinaire et qui évite aux psychanalystes ou à ceux qui travaillent là-dedans de se retrouver enfermés dans des ritournelles théoriques ou pseudo théoriques parce qu’au bout d’un moment, elles se vident, ça devient alors des formules.
Ça, c’est extrêmement enrichissant.
J’ai proposé à plusieurs reprises de développer cette affaire de manière un peu plus large en instituant quelque chose qui s’appelle : stages de cliniques analytiques hospitalières.
C’est très important, c’est-à-dire que jusqu’ici, les psychologues doivent faire un stage à l’hôpital et les médecins aussi, pour les psychanalystes, il n’en est jamais question.
Je pense que c’est essentiel pour les analystes en formation et pour les psychanalystes formés.
De même il faut que les présentations de malades soient respectueuses du moment, du temps, du trajet et qu’elles ne soient pas des présentations spectacles ou qui viennent confirmer le savoir de tel ou tel.
Ce que l’on essaye de promouvoir, c’est plus ou moins facile parce que les psychanalystes ont décrété depuis un certain temps que la médecine ce n’est pas ça, qu’on y est massacré, qu’on y est dégradé, que les psychanalystes sont rejetés parce qu’en plus ou bien ils sont classés comme auxiliaires, ce qu’ils ne sont pas, ça ne peut pas être des auxiliaires médicaux, ou bien du coup ils sont dans une position très marginale, d’extraterritorialité qui, à ce moment-là devient tellement marginale qu’on les pousse dehors.
C’est dans de très rares situations de transfert réciproque entre un psychanalyste et un chef de service qu’il y a des expériences intéressantes qui se poursuivent et qui s’interrompent au départ de l’un ou de l’autre.
On a quelques exemples dans l’histoire analytique, ça se compte sur les doigts de deux mains. En tout cas, la Médecine est amenée à se reformer très fortement, en ce moment elle est réformée pour des raisons mises en avant d’économie, parce que, lorsque des questions symboliques n’arrivent pas à se mettre en place de manière suffisante, ça intervient sur d’autres plans et ça se résout plutôt de manière abrupte parfois stupide.
Dans d’autres pays c’est autrement, ce n’est pas sur le plan économique, par exemple aux États-Unis la limitation est juridique, c’est-à-dire que, par exemple, quand on enlève trop de sein dans cancer où il n’y a pas à le faire et bien finalement le juridique vient mettre le holà. De toute façon on dit qu’il y a trop de psychologues cliniciens, trop de psychanalystes, à mon avis, c’est juste le contraire, il n’y en a pas assez et les nombres de postes et de situations que ce soit dans les grandes villes ou ailleurs, je pense que dans les années à venir, ça sera amené à se développer considérablement et on verra que là, on a fait un numerus clausus trop important sur la formation.
E. Blanc : bon, je vois que tu as déjà commencé ton intervention. Je vais quand même rappeler le titre : le corps en expansion.
H. G : J’ai été trop long dans les préliminaires !
Alors, je suis obligé de commencer par votre titre : vous avez appelé votre séminaire : l’Amer-corps, c’est osé ! Pourquoi l’amer corps, est-ce que vous êtes tellement amers avec votre corps ?
Évidemment le corps de la mère et tout ça !
Je crois qu’il manque déjà, et je ne veux pas être trop osé non plus, il manque un signifiant là qui est un signifiant majeur de la femme du XX° siècle qui est le « Nique ta mère ».
Il y a une élision là alors que c’est un signifiant majeur d’une époque qui est que l’extrême, le point extrême de la loi, le tabou majeur, on ne peut pas trouver différenciation plus extrême, et bien c’est rejeté. C’est une expression qui recouvre le langage dans tous les circuits avec des variantes, par ex en créole lorsque le petit Duvallier était en train d’être rejeté d’Haïti, vous connaissez l’histoire, Bébé Doc, on disait Kou langette manman-ou, Ket manman, c’est la même chose.
On a un peu les deux côtés : du côté de l’abus ou de ce qui empêche l’abus. Alors la mère ? Je ne voudrais pas trop parler de la mère, mais, je reprends quand même une phrase de votre premier paragraphe : le corps humain incorpore le langage. Je ne sais pas si c’est une citation de Lacan, je ne crois pas, et justement je voudrais parler de ça.
Le corps de la mère, dans toute cette affaire fait qu’effectivement, nous ne sommes pas sortis d’un moment historique où la phallicité du merveilleux enfant de la mère n’est pas encore bien mise de côté et qui est le fond d’une question centrale, c’est le cas de le dire qui est l’anthropocentrisme.
Chacun est le centre du monde et spécialement le phallus merveilleux qui se mire dans le regard de sa mère et qui fait que, je ne suis pas loin de la clinique, on est vraiment d’une époque, d’un village, d’un endroit, d’une maison, on est au centre du monde et le monde est immuable et la structure du sujet est immuable. Et même les psychanalystes pensent ça.
Il n’y a pas évolution, il n’y a pas complexification.
Ce qui est un peu étrange parce que, certains disent par exemple que ça va être la fin de la psychanalyse, les gens ne viennent plus, comme ici, le jeudi soir.
Est-ce que c’est la fin de l’histoire ? L’histoire, ça vient de loin et ça a de beaux jours devant.
Ces questions-là sont très légères si on considère un peu le mouvement de l’humanité ; Il y a un certain nombre de choses qui deviennent extrêmement légères.
Par exemple, l’alphabet, depuis quand y a-t-il un alphabet ? 3000 ans. Depuis quand y a-t-il ce grand moment de langage ? Langage très élaboré ? 5000 ans et puis les premiers temps de l’humanité remontent à quelque 4 milliards d’années. Ça veut rien dire ces chiffres, mais enfin, on voit bien quand même cette évolution tout à fait invraisemblable sans aller dans la métaphysique.
Je voulais encore dire une ou deux petites choses sur ce que Lacan dans ces séminaires que vous connaissez par cœur, Lacan, je crois, non c’est plutôt Chomski qu’il avait invité qui dit ceci : le langage est un organe. Alors ça, c’est intéressant et quand même c’est aussi faire de la clinique que de dire que Lacan dans ces années 75-77 est aussi dans une situation difficile, dans un tournant, alors que dans le sinthome, il lance des choses assez fortes, mais il montre peu à peu ses difficultés, et pour ces séminaires de topologie, ce n’est quand même pas rien de dire : je commence à tourner en rond. Je commence à faire ce qu’implique le mot recherche : à tourner en rond.
C’est très spécialement ce qu’il raconte : tourner en rond, ce n’est plus du tout un nœud borroméen.
Voyez Lacan s’excuse : je m’excuse, je m’empêtre devant ce que j’ai à proférer.
Dans cette espèce d’obligation, c’est le témoignage d’un échec, c’est plutôt pénible.
Vous y étiez peut-être, moi j’y étais et cette année-là, effectivement c’était très difficile, il y avait beaucoup de monde, on n’entendait pas grand-chose et on ne comprenait pas grand-chose.
Le tore, à ce moment-là, il lui substitue la vision habituelle qui est une sphère par un tore troué ; ce n’était pas ça. Et il finit le séminaire par des douleurs de dos, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais à l’époque, lui-même était enserré, il demandait de l’aide qu’il n’avait pas tellement. Ceux qui lui devaient énormément n’étaient pas très gentils avec lui
moi qui voyais ça de loin, je trouvais ça désagréable et il y avait tout un cercle, deux ou trois rangées de tables réservées avec des grands panneaux. Là, déjà, il y avait un cerclage, ça, c’est de la clinique lacanienne.
Ce n’est pas une histoire d’âge, c’est une histoire de position dans la structure et la structure est en relation avec les autres. Une structure n’est pas immuable et elle n’est pas indépendante, elle est uniquement en relation avec les autres.
Elle peut changer instantanément cette structure. Alors, là je crois qu’il était dans cette difficulté et ce n’est que quelques années après, d’ailleurs, dans d’autres tentatives de topologies où il essayait, comme avec ses cigares qui étaient des culebras, qui étaient à la fois une bande de Moebius et en même temps une tresse à trois qui ne tenait pas très bien, il faut attacher une petite ficelle. Mais il dit aussi quelque chose, à mon avis de fondamental : c’est la question de la matière.
Pour ce qui est du Réel, on veut l’identifier à la matière et bien dit il la notion de matière est fondamentale, en ceci qu’elle fonde ; tout ce qui n’est pas fondé sur la matière est une escroquerie. Est-ce que vous avez déjà entendu parler de la matière dans la psychanalyse ? Qu’est-ce que le corps ? Dans la psychanalyse, qu’est ce qu’on dit sur le corps ? On a un corps, on est un corps, on dit pas mal de choses, alors pour s’en sortir, au bout d’un moment, on dit que le corps, c’est du Réel. Le Réel devient un terme, c’est bien, c’est fait pour ça, mais ça ne saurait tout résumer : c’est du Réel.
Il y a même des expressions un peu bizarres comme : le corps propre. Ça, c’est étrange comme terme. Le corps propre ? On n’a jamais parlé de la matière du corps, le corps c’est de la matière et la matière, on sait ce que c’est, en partie, un petit bout.
La matière c’est de l’énergie, ça fait quand même un siècle, en même temps que Freud sortait ses éléments fondamentaux sur la psychanalyse, il y avait Poincaré et Einstein qui disaient l’équivalence de la matière et de l’énergie. Le terme de pulsion qui est décrété par Lacan et d’autres, comme un des concepts fondamentaux de la psychanalyse, c’est quelque chose d’intermédiaire entre le biologique et le psychique.
Ça parle de ça, sans tomber dans des mysticismes reichiens ou je ne sais quoi, et bien nous avons là une question de force et d’énergie dans la pulsion et ce qui est intéressant à envisager c’est justement tous les aléas du corps, de la maladie et de sa jouissance, etc.
Qu’est-ce qu’il est fait de la matière du corps ?
Je dis parfois des choses un peu bizarres, parler du corps dans la clinique, c’est cela par exemple : nous avons un paysan très isolé et là, cet homme au bout de quarante ans trouve une compagne, il voit alors sa jouissance très orientée par cette histoire et puis, elle le trompe avec un voisin, elle le quitte et lui qu’est-ce qu’il fait ? Comme il a un fusil, on est à la campagne, il se tire un coup de fusil, il s’enlève un morceau de la tête, il ne meurt pas. Qu’est-ce qu’il en est de la matière, du corps, dans ce raptus ? C’est intéressant de voir comment on va appeler ça : douleur ou angoisse, ce n’est pas la même chose du tout. Et bien, il a enlevé une partie de sa matière et le coup de fusil est un acte antalgique, c’est un acte thérapeutique, antalgique : c’est pour faire cesser la douleur qu’il a fait ça.
Il y en a d’autres qui auraient pris des produits pour ça.
L’histoire de l’humanité est une très longue histoire, avec des expériences de cet ordre : antalgique pour supporter la douleur, l’accepter, la faire cesser.
L’opium par exemple, à travers notre histoire, de tout temps, a fonctionné et fonctionne toujours très bien. Je vous signale que les produits opioïdes, illégaux représentent un chiffre d’affaires mondial supérieur à l’industrie du tourisme mondial.
Je ne parle même pas des produits légaux. Vous voyez, une énorme quantité de produits légaux qui sont toujours des opioïdes extrêmement utilisés et puis il y en a un tas d’autres.
Si on parle de la matière du corps et de la médecine, la médecine s’occupe, mais sans s’occuper d’une certaine façon ou ne fait que s’occuper des maladies chroniques. Les maladies chroniques, comme leur nom l’indique, on n’en sort pas et notamment des quantités de douleurs circulent là-dedans alors, finalement qu’est-ce qu’on peut dire de la matière du corps de ces actions ?
Comme vous le savez, par exemple, ceux qu’on qualifie de toxicomanes utilisent ces produits, ceux qui utilisent d’autres produits comme l’alcool et le tabac : cela a des effets complémentaires voire similaires ou antagonistes et bien nous avons comme ça des catégories de populations qui sont en réalité des positions dans la structure, particulières, qui font que l’altération renouvelée de certains points du corps par les actions antalgiques ou anti-angoissantes fait qu’il y a des altérations et que l’espérance de vie des alcooliques, fumeurs, est d’environ cinquante ans. Les statistiques, évidemment, ça mélange beaucoup de choses.
Je prends bien sûr des exemples un peu larges, et puis ces cliniques peuvent paraître bizarres.
L’altération du corps peut aussi être très différente : prenons les schizophrènes, dans certains pays ou chez nous, il y a un siècle, ils étaient abandonnés ils circulaient et les décès n’étaient pas rares, assez jeunes et même très jeunes.
Maintenant, on les a mis dans des hôpitaux psychiatriques et les décès sont aussi assez jeunes.
Je ne différencie pas l’action personnelle d’autotraitement, d’autoagression de l’action des autres envers ce sujet.
Dans les maladies, si on veut revenir à la question du langage, il y a beaucoup de choses qui s’écrivent dans le corps, qui s’enracinent et là on ne parle pas seulement de ce qui s’écrit sur le corps des tatouages, des scarifications, etc., et même pas de l’espèce de palimpseste de la peau et du corps qui change à travers les années, la jolie peau douce de bébé qui se ride et se crevasse, non, mais dans les maladies, il y a une formidable et colossale écriture illisible, irreprésentable pour le sujet et pour ceux qui s’en occupent, c’est-à-dire les médecins ne s’occupent là que du signe et pas des circuits symboliques qui sont là-dedans.
Donc, ça s’inscrit dans le corps, ça irrite le corps et ça devient des énigmes, des rébus, au mieux
Ce dont il est question dans ces relations, dans ces transmissions, et bien, on n’en parle pas, sauf qu’au bout d’un moment, ça prend de manière obsédante l’imaginaire du sujet, voire de quelques autres et voire de certains praticiens, de certains savants et ce corps, cet organe choisit ses marques symboliques, éventuellement les retranche sans rien en comprendre, une méconnaissance bien large sur ces questions ;
C’est une sorte de sculpture, une écriture archaïque, hiéroglyphique, dit Lacan, on évide le parchemin
Pour revenir au titre que j’ai donné de l’expansion du corps, il y a plein d’autres expansions. Il y a une chose toute simple ce sont les grossissements par exemple : il y a certaines personnes, certaines populations qui grossissent de façon spectaculaire où il est question de grossir, de devenir aussi grosse que le bœuf et c’est pour arriver à quelque chose d’un cerclage, d’une sphère où il y a quelque chose du tout qui se manifeste.
Il y a aussi des attributs plus ou moins expansifs, mais dans l’expansion, il y a d’autres choses, des transmissions, ça me fait penser au titre du livre de Moscovitz : « comment fait-on les parents ? », comment fait-on les enfants ? Quelle expansion du corps et de la structure y a-t-il là-dedans ? C’est à quel moment ? Ce n’est pas n’importe quand, faire cinquante mille fois l’amour dans une vie et faire un enfant, ce sont des conditions très particulières.
Ce que je voudrais proposer surtout ce soir c’est l’expansion du corps du langage, considéré comme une matière.
Dans les expansions du corps, naturellement, à côté de se faire sphère, il y a ces expansions particulières que sont les tumeurs, ces développements qui tentent de lutter contre la mort et reprendre face à une irritation terrible, de reprendre une autonomie désespérée et délétère. Mais sur le plan du langage, il y a des choses plus intéressantes du côté des néologismes et de cette accumulation de strates de savoirs et de signifiants transmis à travers les générations.
Un corps ce n’est pas seulement de la consistance imaginaire comme on a tendance à glisser là-dedans un peu trop dans la psychanalyse, en disant que, depuis Aristote on a considéré l’image du corps comme un corps parfait, entier et sur un plan imaginaire, mais il n’y a pas que l’imaginaire. Un corps, c’est noué, multi noué et y a-t-il un nœud borroméen ? Est-ce qu’il y en a une série ? C’est une question que je posais il y a vingt ans, je n’ai pas avancé et personne ne m’a répondu.
C’est du nouage à trois ou quatre ou quarante-cinq, je ne sais pas, mais ça veut dire que c’est orienté aussi parce qu’un nœud ne tient pas sans orientation.
Alors on est bien embêté avec ça parce que si pour les psychanalystes, le corps on en parle sans arrêt comme de l’imaginaire, pour les médecins, c’est comme si c’était que du réel, ou pour le dire autrement que de la matière.
La médecine ne croit pas en les mots elle croit seulement en l’action sur la chair, sur la matière, elle intervient là-dessus et les mots sont considérés comme fantaisistes.
Cela dit les psychanalystes acceptent cela tout à fait quand ils ont un bobo, ils vont chez le médecin, sauf quelques-uns qui s’y refusent, c’est vrai.
Comme dit Clavreul : personne ne peut sortir indemne de sa relation avec la médecine.
La médecine n’a pas pu considérer, accéder à la puissance des mots, à la qualité de puissance et d’énergie contenue dans les mots qui sont hors imaginaire, c’est une véritable matérialité des mots.
D’ailleurs sur un plan social, on considère comme insupportable l’atteinte faite au corps, c’est insupporté et dans la loi c’est interdit. Mais pour l’atteinte par les mots, il y a une extrême tolérance. Alors que nous savons très bien qu’il y a des mots qui détruisent quelqu’un et qu’un mot suffit à casser quelqu’un pour bien longtemps.
C’est-à-dire qu’ils ne sont pas considérés à leur valeur
E. B. : Peut-être que les mots ne touchent de la même façon, selon la personne à qui ils sont adressés ?
H. G. : C’est très variable, il y a des gens qui sont cassés parce qu’ils ne sont pas dans la position à laquelle on croit qu’ils sont ; Il y en a qui s’en sortent particulièrement indemnes, à la fois dans les actes et dans les mots. Il n’y a aucun retour sur eux, parce qu’il y a un bloc de déni qui permet d’aller toucher la faille de l’autre sans effet.
E. B. : Tu ne crois pas à l’effet boomerang ?
H. G. : Il y a des gens sur lesquels il n’y a aucun retour.
Alors je continue un peu.
Donc, la maladie physique, ce n’est pas de l’oral, c’est de l’écrit.
L’oral c’est très intéressant et vous avez remarqué que la psychanalyse a beaucoup insisté là-dessus.
Les linguistes : c’est terrible ce qui s’est passé avec Lacan, il y a eu certains clashs, ça a fermé un tas de choses. Ce qui s’est passé avec Lacan et les médecins, avec quelques médecins, au collège de médecine, ce qui est paru sous le titre : « psychanalyse et médecine » depuis ce temps-là on a coupé tout lien entre psychanalystes et médecins.
Pour les linguistes, il s’est passé à peu près la même chose. Il n’y a pas eu de clash, mais Lacan a dit que vraiment ce n’était pas supportable, alors du coup, personne ne travaille plus la linguistique, c’est un peu dommage.
Alors il y a un dénommé Claude Hagège qui s’en étonne et qui parle de la qualité de l’oral et il apprécie tellement cela qu’il en parle sous le terme d’orature pour dire que c’est une qualité littéraire qui équivaut, dans une opposition à ce qui est l’écriture et justement Lacan l’a bien démontré. La spécificité de l’oral est très différente de l’écrit.
Nous le voyons bien dans « télévision » c’est assez rare les enregistrements, celui-là est le seul qu’il ait accepté et là il peut nous montrer la différence entre l’oral et l’écrit.
Il avait les plus grandes difficultés avec l’écrit et nous avons beaucoup de difficultés avec ses écrits.
Alors, à partir de l’équivalence matière/énergie nous pouvons considérer que le corps humain, ça n’est pas bien démontré, je vais y revenir, et le langage sont des concentrés d’énergie énorme, ce sont des masses d’énergie dans le corps humain et les interactions chimiques et physiques qu’on observe en médecine nous montrent ça.
Il y a cette insistance qu’ont les parlêtres à aller chercher, extirper de l’énergie, par exemple, depuis quelques années, on tombe sur les fumeurs, le tabac, ce n’est pas du tout comme l’alcool, pour le dire autrement, avec le tabac, on n’est jamais en état d’ébriété, au contraire le tabac est un truc qui pousse à l’attention, à la concentration, qui pousse à l’activité intellectuelle, ça retient l’angoisse et ça en rajoute bizarrement alors que l’alcool, au début, c’est désinhibiteur et trois verres, bonjour les dégâts, nous passons à l’ébriété. L’ébriété est de l’ordre de la dissolution du sujet.
Ce n’est pas ce qui pousse à la conscience et c’est pour cela qu’on associe souvent l’un à l’autre parce qu’il y a des interactions compensatoires.
Celui qui fume bombarde son corps avec ces produits pour extraire justement quelque chose d’une énergie pour pouvoir, par exemple, être dans son travail, dans une isolation tout en consommant son corps, en le consumant.
L’alcool, c’est pareil, autrement.
Tous ces produits consomment le corps et le fusillent aussi pour, encore une fois, enlever la douleur ou enlever l’angoisse, ou ajouter de la conscientisation ou de l’attention et donc c’est quand même l’utilisation de morceaux de corps pour y pomper de l’énergie, en détruisant quelques éléments de la matière.
Lorsque Lacan parle de matière, il dit que, pour qu’il y ait de l’énergie, il faut qu’il y ait un corps. Ça ne peut pas se faire sans.
Je ne sais pas si vous savez, mais, depuis de longues années, on dit que l’évolution de l’être humain de l’homo sapiens est arrivée à un point où le cerveau a augmenté de volume, pas tellement à travers l’histoire, mais qu’il est arrivé à son point maximum et d’une part il ne peut plus augmenter, mais d’autre part, il est sous-utilisé.
La question est que l’être humain a trouvé l’outil, l’objet, nous sommes dans des civilisations qui chargent un peu sur cette question, l’outil, c’est le langage.
L’apparition du langage, il n’y a pas si longtemps est devenu un outil extraordinaire qui permet une expansion du cerveau, du corps, de la structure et une extension qui devient infinie qui est en augmentation exponentielle invraisemblable et on n’en voit pas le bout de son concentré d’énergie et de potentialité.
De même que le langage que nous utilisons, nous pouvons probablement considérer qu’il est extrêmement pauvre et archaïque, et cela fait cinquante mille ans que nous sommes dans le protolangage, qu’il est probablement amené à se développer et que nos capacités de manipulation de cet organe sont à l’heure actuelle très faible et il ne mérite pas l’extrême satisfaction moïque que chacun véhicule plus ou moins.
En tout cas, la matière encaisse différentes actions, j’ai parlé de physique et chimie, mais naturellement, l’action des mots des autres et spécialement un certain nombre de comportements de positionnements d’autres, ceux qui sont placés en autres ou qui sont prétendants à être maîtres.
Je n’ai pas parlé d’un certain nombre de choses comme certains produits qui enlèvent la douleur, mais ces produits aptes à faire jouir, tout ça est un peu compliqué, il est des produits miracle comme l’aspirine, soi-disant sans défauts et qu’on utilise tout le temps, justement, et qui permet une inflammation ou une désinflammation avec des histoires de chaleur et de jouissance, c’est un peu long à développer parce que le terme de jouissance est un terme tout à fait piégé qui est utilisé heureusement de manière pondérée chez les psychanalystes, mais quand on l’utilise trop ça veut tout dire et c’est malgré tout un terme auquel tenait énormément Lacan et il aurait aimé que le champ lacanien soit le champ de la jouissance.
Ce que je veux dire c’est que la structure s’étend et se développe.
La question difficile c’est de parler de cette histoire que rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, est-ce qu’il y a transformation et reconfiguration de ce qui est ou bien y a-t-il extension ? Quel terme employer ? Les termes sont piégés. Le terme de création est piégé, car il évoque tout de suite les questions religieuses et divines qui sont assez problématiques.
Mais de quelle métamorphose s’agit-il ou de quelle anamorphose ? La complexification est en marche et elle est indiscutable.
Le corps du langage est une matière vivante, c’est cela que je veux proposer.
La matière est une question physique.
La linguistique, je l’ai dit, on l’a mis de côté, la médecine, on l’a mis de côté.
Il y a une chose en revanche c’est la physique, je connais une seule personne en psychanalyse qui s’occupe de la physique. On en est resté à la physique du début du XX° siècle, qui était une physique tout à fait étrange, que Freud a utilisée, sous le terme de thermodynamique, avec deux principes :
1° rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme : toutes les énergies peuvent se transformer en chaleur : c’est le principe d’équivalence, bien mal nommé, car il n’y a pas d’équivalence, ce n’est valable que dans un seul sens qui est la dégradation, 2° principe, que tout se dégrade sous forme de chaleur, mais la chaleur ne peut pas reconstituer les autres énergies.
C’est une époque particulière où on ne parle que de l’entropie et de l’augmentation de l’entropie c’est-à-dire de la dégradation comme si tout allait vers cette dégradation : la vieillesse, la maladie, la fin de l’humanité, etc. Ce qui est absolument faux.
C’est juste le contraire, alors le terme inverse est connu par très peu de monde, c’est la néguentropie, qui manifestement le haut du pavé puisque c’est ce que l’on voit à travers les générations, c’est ce que tout va vers la multiplication, vers la complexification, l’augmentation et bien que l’on dise qu’il y a trop de monde sur terre, il y a six milliards de personnes, cela ne fait pas grand monde, ils sont juste au bord de quelques plages, quelques ruisseaux. Il va y en avoir dix milliards dans quelques années, à côté des insectes, c’est peu. Tout est désert en réalité, ça, c’est le même sentiment que l’histoire de l’entropie, ça mêle une histoire dépressive, voire mélancolique et une histoire haineuse. Les autres nous gênent et il ne faut pas qu’ils viennent sur terre, ou il faut qu’ils meurent : une bonne guerre !
C’est un climat qui est quand même peut-être en train de changer.
La question de la physique et donc de la physique relativiste nous intéresse au plus haut point.
Elle nous dit qu’une seconde par exemple, si on aborde la question du temps, une seconde n’est pas équivalente à une autre seconde.
Lacan était très embêté avec ses séances courtes, il n’a jamais trop argumenté la question, il n’était pas à l’aise parce qu’à la fois, il y avait des choses qu’il ne pouvait pas dire, il y a aussi que certaines secondes dans une analyse ne sont pas équivalentes à d’autres secondes : une seconde peut changer la vie et on peut rester sur le divan pendant quatre ans sans qu’il ne se passe rien ;
Un acte, considéré à la dignité de l’acte tel que Lacan l’a développé dans son séminaire, un acte ça modifie.
Une question inaudible sur la mutation
H. G. : Bien sûr, le parlêtre est un mutant, je vais évoquer un autre élément fondamental dans la psychanalyse : le trauma. Qu’est-ce que c’est que le trauma ?
Trauma c’est un événement, ça peut être une pichenette, ça peut être un accident de voiture ou n’importe quoi. Un accident de voiture peut se conclure par rien et puis, une pichenette peut changer la vie parce qu’il y a une résonance à la fois imaginaire, symbolique qui se déroule à partir de cet événement. Cela s’appelle une rencontre, une tuchè.
À partir du trauma, il y des changements. Quand je parlais de ce paysan qui s’est tiré un coup de fusil.
Il était isolé, non pas vraiment isolé, aucun être humain n’est isolé, s’il se sent isolé, c’est imaginairement. Aucun parlêtre ne peut être isolé.
Justement s’il est isolé c’est qu’il est dans une relation très intense, enfermante avec quelqu’un, qui est mort peut-être, et c’est ce que l’on voit dans la mélancolie. La relation est en fait massive avec quelqu’un.
Ce paysan est un exemple majeur, ce n’était pas une pichenette, mais ce qu’ont remarqué les chirurgiens, dans ce genre de cas quand ils s’en sortent, c’est une espèce d’euphorie, qui n’est pas maniaque, et cela entraîne un changement de vie radical.
Par exemple, dans certains cas de cancers du sein, beaucoup disent que c’était la chance de leur vie, parce qu’après un trauma, ce n’est plus comme avant, il y a quelque chose de changé et parfois de manière instantanée.
Il y a d’autres histoires qu’on repère dans la clinique où c’est une fraction de seconde qui change la vie et l’ensemble de la configuration structurale se transforme et s’oriente autrement.
Par exemple chez ce bonhomme, il commence à vivre de manière intéressante, malgré leur blessure.
Jean-Louis Rinaldini : Il faudrait que tu spécifies ce que tu entends par structure tellement ce mot est chargé de sens différents.
H. G. : Je pars de cet a priori encore une fois immuable et éternel que les choses sont fixées, un point c’est tout et là je dis 1° c’est faux, ça bouge tout le temps et 2° ça se transforme aussi et tout ça pourquoi ? Parce qu’encore une fois, il n’y a pas d’être humain isolé, seul, il est toujours en relation avec d’autres, quelques autres. C’est pourquoi une structure est toujours en relation. Ça rejoint ce que dit Levi Strauss, exemple clinique : nous avons un auditeur courtois dans une soirée où ça échange gentiment, il y a là une certaine position qu’on peut qualifier avec un certain nombre de choses, c’est hystérique ou obsessionnel, je ne sais pas, et je voudrais dire aussi que : autant on n’a pas supporté quand Freud a dit que tout le monde était névrosé et que les enfants étaient des pervers, autant on ne supporte toujours pas de dire que tout le monde passe par des phases psychotiques et que le nombre de positions psychotiques est extrêmement répandu dans le monde, alors je reprends mon exemple de cette conversation et puis cet homme, aussi bien l’un de nous prend la voiture et sort et tout d’un coup quelqu’un passe devant lui et bloque, alors qu’il a un rendez-vous et immédiatement il s’établit une relation de type paranoïaque pure avec des insultes et éventuellement des coups, une fureur terrible parce qu’en plus l’orientation, l’isolation est telle qu’il n’y a plus qu’un seul but c’est d’aller d’un point à un autre et tout le reste n’est pas utilisé. Cinq minutes après cette histoire, on retrouve notre bonhomme autrement et cette phase paranoïaque s’est dissoute.
On a fait un congrès sur la structure, il y a deux ans, ça s’appelait : la dynamique de la structure, ça fait vingt-cinq ans que j’en parle, on ne peut accepter la mobilité, les choses semblent immuables. On imagine que c’est immuable.
Question inaudible
H. G. : Je l’ai dit au début, c’est parce que nous sommes dans des situations extrêmement archaïques et anthropocentriques.
La permanence, l’éternité, l’immobilité. Les choses sont conçues comme ça.
Il y a quelques années, j’ai lancé une formule, certains pensent que c’est de Lacan, mais en fait c’est de moi. La formule, c’est : la structure c’est le transfert.
Un nœud borroméen, comme vous avez pu le voir avec Lacan, il est orienté sinon il ne tient pas. Il est orienté par un leurre qui est un objet qui vient, quelque peu et même beaucoup, faire imaginer ce qu’on a perdu, à travers des méandres inconnus.
Ce petit a est peut-être supporté par quelqu’un et le suivant est lui-même orienté vers le petit a.
Et ainsi de suite, il y a quelque chose qui circule et dans certains circuits d’emprise imaginaire, qu’il soit politique, familial, etc., il y a toujours quelque chose qui essaye de clôturer et effectivement on arrive alors à des situations ou paranoïaques ou mélancoliques.
Georges Froccia : Vous avez décrit une structure topologique très intéressante, c’est Lacan en face d’un cercle de places réservées et qui se retrouve dans un état de malaise. Il y a dans ce séminaire quelque chose de passionnant…
Vous avez dit aussi ce soir que le langage n’avait pas donné toute sa mesure et qu’il était encore archaïque. Est-ce que vous pensez que cette topologie, ce clan de l’amphithéâtre autour de Lacan, est-ce que cela a pu modifier le langage chez Lacan ?
H. G. : Je parle de l’extrême détresse de Lacan. Il était dans la difficulté et la douleur et bien sûr que cela a pu modifier son langage et il l’a dit lui-même et manifestement il essayait, lui, de reprendre, de manière infinie, les figures topologiques et il les complexifiait. En même temps, il s’excuse, alors qu’à certaines époques, il ne l’aurait pas fait.
Il demandait à un tel d’intervenir, et je crois que dans toutes ces situations, en effet, il y a des ensembles de langage ou des possibilités ou pas, la cure analytique, c’est fait pour permettre à quelqu’un dans une situation protégée, plus ou moins factice, de produire quelque chose du langage et de le développer.
Alors que, je parlais des situations familiales ou politiques qui enferment imaginairement, et sont plus ou moins totalitaires, vous remarquerez que là, la parole est alors interdite ou évacuée. Un certain nombre de mots, de concepts et de développements sont interdits ou inaudibles.
Alors, il y a des tas de situations où le langage peut s’expanser de manière formidable et d’autres où il est bloqué.
Lacan, à ce moment-là produit des choses très intéressantes, mais peut être que la situation, l’âge, etc., mais surtout ceux qui l’entouraient par ailleurs ne lui permettaient pas de développer ces choses.
Lui aussi, bien sûr, s’est mis là-dedans, c’est une longue trajectoire.
Vous remarquez bien qu’il y a des circuits, qu’ils soient médicaux ou analytiques, dans lesquels des choses peuvent se créer et puis d’autres où ça ne marche pas.
Par exemple certains exposés vous laissent épuisés après les avoir entendus, ce n’est pas parce qu’il y avait beaucoup de choses dedans, c’est parce que ça peut enfermer et puis il y a d’autres situations où vous arrivez fatigués et vous repartez en forme.
La psychanalyse essaye de mettre en place une capacité de développement des signifiants.
Cette histoire de relation est intense, l’autre envers qui notre nœud borroméen est orienté, c’est là qu’est le symptôme. On peut dire d’une certaine façon que l’autre est notre symptôme.
Sartre dit que l’enfer c’est les autres, mais ce n’est pas que l’enfer les autres, c’est notre lien de jouissance.
Alors, avec certains symptômes, si on fait une séparation, il se produit une déchirure qui saigne parfois. Une situation insupportable ou jouissive.
L’autre est notre maladie.
E. B. : Est-ce que la position de l’objet fait qu’une structure puisse se transformer ? Un objet, ça bouge. La place de l’objet ou son statut, ça peut faire bouger la structure.
H. G. : Oui, mais l’objet, en tant qu’il est à l’entrecroisement d’un certain nombre de signifiants, là où se mêlent des histoires symboliques, avec des somations, à travers des générations quand quelque chose vient résonner là et pas avec n’importe quel objet.
Et justement, dans ces histoires de trauma, pourquoi tel événement fait trauma et pas un autre ? C’est bien là qu’il y a somation de l’histoire symbolique, il y a concrétion à cet endroit-là.
Voire même, le choix de l’organe, c’est la même chose.