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Alain Didier-Weill – Le savoir dans le Réel

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Je ne sais pas ce que vous-mêmes en pensez mais Lacan, effectivement, considère que ce que j’avais, à ma façon, tenté de dire sur un plan théorique, au sujet d’un certain type de savoir qui distingue du savoir inconscient et qui est savoir dans le Réel, Lacan fait donc remarquer que dans l’ouverture de ses écrits, dans ce qui suit le séminaire sur la lettre volée, c’est pour sa part, c’est cela, ce qu’il a tenté de formaliser de façon mathématique et qu’il a appelé la parenthèse des parenthèses.

J’ai mis très longtemps à comprendre ce que Lacan voulait indiquer par-là, d’autant qu’il signalait, dans ce séminaire, qu’une de ses grandes déceptions, était de n’avoir jamais eu aucun commentaire de ses élèves sur ce qu’il avait cherché à dire dans cette parenthèse des parenthèses qui conclut donc son premier texte d’ouverture des écrits, c’est-à-dire que pour lui, c’est un texte important qui était resté sans écho.

Donc, ma surprise était grande quand il a dit qu’en somme, d’une façon tout à fait autre, ça aurait été cette question du savoir dans le Réel que lui, avait tenté de formaliser de façon mathématique. Ce savoir, prêté à Bozef, est une entité définissable, à savoir : qui crée un certain type de rapport entre le sujet et l’Autre par l’intermédiaire de deux parenthèses ? La parenthèse des parenthèses, c’est une tentative de dire les aventures du signifiant à partir du moment où le signifiant parasite le futur sujet humain. Eh bien, le signifiant, une fois qu’il rencontre le réel humain, qu’il va être porté à produire l’être humain qui se révèle par-là, dit Lacan, eh bien, ce signi fiant, une fois qu’il est livré à lui-même, à la loi du signifiant, il obéit à certaines contraintes, à certaines lois. Je vous renvoie à la manière dont Lacan traite ça.

Ce sont uniquement les lois de la syntaxe, totale ment arbitraires, à partir du jeu du pair et impair. Il s’agit de montrer comment le signifiant, rencontrant la syntaxe s’organise dans le Réel. Pour se rapprocher de ce dont il est question, nous sommes habitués dès que nous parlons du « savoir caché » depuis Freud, à parler du signifiant : Inconscient. Nous sommes moins habitués à penser ce qui doit précéder dans ce qu’on peut appeler le psychisme humain, qu’est ce qui doit se passer pour que se mette en place l’Inconscient. Toutes les questions autour desquelles nous tournons et qui se ramassent dans ce séminaire, reviennent à la question de la distinction entre l’Inconscient, ce que Lacan nomme encore : le réellement symbolique, et quelque chose qui précède l’Inconscient et qui est nécessaire pour que puisse apparaître ultérieurement l’Inconscient, ce que Lacan nomme dans ce séminaire : le symboliquement réel. Toute l’affaire et ce n’est pas une mince affaire, est de distinguer le réellement symbolique du symboliquement réel. Bozef ou le savoir absolu parce qu’il y a beaucoup de façons de le nommer.

Il faut voir que tout au long de son enseignement et à partir de mon intervention dans ce séminaire, Lacan amène des choses mais depuis le début de son enseignement, il aborde cette question, ce n’est pas une nouveauté, ça prend des formes différentes. Lacan pose une question que Freud ne s’est pas véritable ment posée, du moins de cette façon, la question de ce qui précède et Lacan va insister là-dessus. Lacan se l’est posée pour différentes rai sons. Je vais d’abord vous dire la première fois qu’à ma connaissance apparaît cette question dans l’enseignement de Lacan, ça apparaît dès le début, le 1er ou le 2e séminaire. Lacan réfléchit avec son auditoire, à l’époque, il y avait un dialogue incessant. Il réfléchit à ce qui est le plus originaire dans le signifiant et dans ce séminaire également il réfléchit à la rencontre de ce plus originaire. Pour aider la réflexion, il s’empare du prologue de St Jean : « au commencement était le Verbe » avec l’idée que St Jean évoquant le commencement des commencements introduit l’idée qu’au commencement était le Verbe.

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