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Marilande Martins Abreu – Ségrégation et Religiosité afro-brésilienne – la jouissance et le féminin dans le tambor de mina

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Je vais reprendre certains points abordés dans le cycle tout au long de cette année, et aborder la question de la ségrégation à partir de Lacan qui dans le séminaire L’envers de la psychanalyse, affirme qu’il n’y a qu’une origine à la fraternité humaine, la ségrégation. Partant de cette prémisse Jean-Luc Cacciali nous a interrogés, en se demandant si nous pourrions alors considérer la ségrégation comme un fait de langage. Cela nous conduit à aborder la ségrégation dans ses aspects ambigus.

Cette ambiguïté de la ségrégation comme expression et forme du sujet et de la culture, je vais tenter de l’illustrer ici à partir d’un travail ethnographique que j’ai réalisé au Maranhão, dans un terreiro de tambor de mina, une religion d’origine africaine qui est née dans cet état du nord du Brésil, et qui est associée à l’histoire des esclaves noirs. Son récit mythique et rituel est lié à l’antique royaume du Dahomey, actuel Bénin. Selon Pierre Verger, ethnologue et photographe français, Ná Agotimé mère du roi Ghezo avait été vendue comme esclave par son frère, Adodozan, qui disputait le trône au roi Ghezo. Elle s’installa dans l’état du Maranhão, et fonda, au dix-neuvième siècle, la Casa das Minas. Il s’agit d’une pratique religieuse dédiée à des « entités » semblable aux orishas du Candomblé de la Bahia, et qui ici sont appelés « voduns », ou encore « encantados », des entités qui sont aux associées aux saints du catholicisme populaire.

La Casa das Minas a institué, avec la Casa de Nagô, fondée à la même période, un modèle de tambor de mina, transmis et maintenu par des femmes, que la littérature anthropologique a défini comme matriarcal. Maria Cristina, fille-de-saint de la Casa de Nagô, fonda le Terreiro de São Benedito/Justino, durant les années 1896-1897, en obéissant aux ordres d’Averequete, divinité d’origine africaine réunie par syncrétisme avec Saint Benedito, saint noir du catholicisme populaire. Elle s’installa dans un bois, à côté d’un fleuve, lieu où ce terreiro continue ses activités encore aujourd’hui. Dans ses environs on trouve des petites maisons, populaires, celles du quartier de Vila Embratel, où vivent principalement des travailleurs, noirs, disposant de peu de revenus, qui s’étaient installés là en venant principalement du norddu Maranhão.

Le tambor de mina se structure à partir de liens-de-saints, établis à travers des rituels d’initiation effectués durant toute la vie dans une maison de mina ; et aussi par des liens de sang, dès lors que la communauté religieuse se constitue de plusieurs membres de familles qui se réunissent dans cet espace depuis plusieurs générations. Dans ces communautés religieuses les femmes occupent une importante position rituelle, ce sont elles qui organisent et dirigent les actes rituels et le quotidien de la Maison. Elles « reçoivent » les diverses « entités » masculines et féminines, c’est une incorporation qui produit la transe, elles chantent et dansent au son des tambours. Les actes rituels féminins sont en relation avec les fonctions rituelles masculines. Aux hommes initiés dans le terreiro revient la fonction rituelle de jouer du tambour pour que les femmes chantent et dansent avec les encantados. Cette division rituelle soutient la division sociale du travail. Les femmes se chargent des repas de saints les jours de fête, de la purification et de la préparation des vêtements et des bains, tandis que les hommes s’occupent des instruments de musique, de tuer les animaux pour les repas de fête et d’autres activités comme la peinture et les réparations. La communauté fonctionne à travers les liens de réciprocité. Chacun donne ce qu’il peut pour l’organisation des fêtes, toujours abondantes, avec beaucoup de nourriture et de boisson distribuées aux personnes présentes, puisqu’une bonne fête, qui plaît aux dieux, c’est, comme on dit dans les terreiros, une fête abondante ».

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