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Christian Fierens – Comment l’éthique remet-elle la science en question ?

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D’abordl’éthique. Ensuite lequestionnement de la science par l’éthique.

1. L’éthique, c’est l’éthique de l’inconscient, c’est l’éthique de la psychanalyse. La morale ou l’éthique ? On peut discuter, mais je choisis ces deux mots pour parler de deux façons de se diriger dans l’agir, dans le faire. a. La morale, suppose, propose ou impose une idée, un programme, un schème d’action qu’il faudrait accomplir correctement : cette idée, qui sert de point de visée pour notre agir peut venir de n’importe où, de Dieu, des parents, de la société, du consensus entre les membres d’un certain groupe, etc. Peu importe, en suivant la prescription, on peut aboutir à une action plus ou moins correcte, à une action moralement correcte, politiquement correcte, psychanalytiquement correcte.

Par exemple, « ne pas céder sur son désir » pourrait être entendu comme une injonction morale, normale, normalisante pour être un bon psychanalyste et un bon psychanalysant. Morale de l’histoire : on pense un principe donné, on calcule pourle mettre en pratique et on juge ensuite du résultat. La morale fonctionne ainsi selon le schéma d’un point de départ pensé comme un principe donné, de la flèche d’une action bien calculée et d’un point d’arrivée des résultats dont on peut juger. Ça fonctionne. C’est un type de fonction qui peut correspondre à un schéma technico-scientifique. On pense les données, on les calcule l’application et on juge des résultats. Pourquoi pas ? Parce que nous sommes confrontés à toute autre chose qui insiste avec une violence inouïe dans la morale, contre toute morale. Les symptômes insistent avec cette violence qui ne se laisse pas conditionner ou corriger par une morale, quelle qu’elle soit. Les dits nouveaux symptômes, nouvelles pathologies, nouvelles formes de subjectivation se présentent toujours comme fondamentalement réfractaires à la programmation moralisante, qui forcément apparaît comme rétrograde et démodée. On peut tenter de la relooker, mais la morale — la morale de l’histoire — apparaît tout aussitôt vieillotte. Elle ne se donne un faux air de jeunesse qu’en comptant les rides de ses congénères. Parce que c’est une morale.

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