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Jean-René DUVEAU – Pour une clinique des groupes, à partir de Lacan

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Il y a différentes manières d’envisager ce qu’est un groupe. La plus naturelle qui vienne à l’esprit, est celle d’un petit ensemble d’éléments qui coexistent, cohabitent et entretiennent entre eux, un certain rapport, sous un trait qui leur serait commun, et qui permettrait qu’on définisse cette communauté, sous l’aspect d’une catégorie. Par exemple : une classe d’élèves, une chambre de députés, une association de psychanalystes. Il en existe une autre cependant sur laquelle il peut être intéressant de s’attarder, disons comme point de départ différent pour situer la notion de groupe, dans un champ moins imaginaire, moins formel, que ne l’implique cette idée de catégorisation, qui sous-entend toujours, une forme idéale. Ce qui amène cette deuxième approche, et qui est valable comme hypothèse, part d’un texte ancien de Lacan, « Le temps logique », que l’on peut envisager comme le paradigme de la naissance d’un groupe. Etymologiquement, le paradigme prend un sens nouveau dans les années soixante, un sens plus structuraliste, puisqu’il renvoie à l’ensemble des termes qui peuvent figurer en un point de la chaîne parlée, c’est l’axe des substitutions. Ce que l’on peut lire justement dans ce texte, ce sont ces deux manières d’envisager, de manière paradigmatique, ce qu’est un groupe : Dans le premier cas, le groupe est constitutif d’une catégorie, il s’agit là de trois prisonniers, réunis pour l’occasion par le directeur de la prison, et qui leur propose une sorte de concours, puisqu’il s’agit, pour être libéré, de s’affirmer le premier, au dépend des deux autres. Mais cette manière d’envisager le groupe ne nous dit rien d’autre alors que cette catégorie, et les circonstances contingentes qui ont présidé à sa formation. Il est difficile alors dans ce cas, de parler véritablement d’un groupe, puisqu’à peine est-il institué, qu’il est amené à se défaire, à se déliter, par la sortie d’un seul. Qu’est-ce qui fait groupe, véritablement, dans cette fiction des trois prisonniers, rapportée par Lacan ? Pour y répondre, on peut partir de l’étymologie du mot : En italien, gruppo désignait un nœud, c’est-à-dire l’endroit d’un resserrement, autour de quelque chose. Cela implique non seulement l’idée d’une proximité, mais surtout la nécessité d’un mouvement, pour que cette proximité de différents éléments, soit possible. Lacan dans le texte, va déplier entièrement ce mouvement, ayant recours à ce qui va se mettre en place entre ces trois prisonniers, en trois temps logiques, et selon le principe d’une assertion anticipatrice qui vient ici, sur un autre niveau paradigmatique, fonder dans une intersubjectivité, le rapport à l’autre.

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