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Esther Tellermann – Jouissance et seconde mort : les apories de l’impératif sadien

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Je vais essayer de répondre à la demande qui m’a été adressée pour cette journée, encore que je m’interroge sur ce qui m’a poussée à cet exposé.
  • L’impératif de la loi kantienne dans la seule jouissance de la loi du dedans ?
  • L’impératif sadien à me faire l’objet de l’Autre ?
  • L’impératif du désir qui serait de rater mon objet…
Car d’être confrontée plusieurs fois à la lecture de l’article « Kant avec Sade » de Lacan, signé en 1962, deux ans après le séminaire L’Éthique de la psychanalyse, oblige le plaisir intellectuel à aller au-delà de l’homéostase où le principe de plaisir nous fait vivoter… Telle fut mon expérience subjective qui remet donc en question le Bien (amour, reconnaissance, haine) que je trouverais à être ici. À vérifier bien sûr… Alors peut-être le style et la manière de Lacan y sont pour quelque chose dans son abord de la question morale mise à la lumière de la loi du désir où réside la vérité de l’homme. Car si le séminaire L’Éthique de la psychanalyse pouvait nous apparaître, au-delà des analyses tenues dans la plus extrême rigueur, comme en anamorphose, l’espace tragique où se joue notre désir
  • ceci en la beauté du style de Lacan à explorer les œuvres de Sophocle, Sade, Van Gogh, jusqu’à nous faire éprouver la limite où le souverain Bien, le Bonheur cherché par l’homme se révèle être la Chose, l’objet interdit en son horreur – ici, la syntaxe de Lacan s’approche d’une logique qui nous prive de tout phénomène pathologique – passion, émotion, tremblement – sinon la douleur où elle nous force, peut-être à appréhender les conséquences de la découverte freudienne quant aux questions tant du Bonheur, du souverain Bien, des droits de l’homme, de la liberté de penser, de « ton corps est à toi », sans oublier la Dame, si l’on prend en compte la découverte et l’expérience freudiennes qui ne sont autres que la loi du désir. Où, dans ce jeu d’échecs, Lacan fait de Sade le cavalier, la Reine les discours courants sur le Bien, le fou, les droits de l’homme, mais fait de l’impératif kantien, des élaborations du professeur, le moteur même de ce texte, sa mise en tension, à la fois dans les avancées qu’elles prônent comme en ses
Et c’est du avec qu’il sera difficile ici de rendre compte tant il marque la pensée de Lacan qui ne cesse d’articuler en un tressage Sade avec Kant, Kant avec Sade, Kant et Sade avec Freud, Kant, Sade et Freud avec Lacan. Avec pour enjeu essentiel d’appréhender ce qu’il en est du désir dans son rapport à la Loi.

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