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Paul Poggi – je rigole

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AEFL Séminaire de psychanalyse 2013-2014

Il me faut tout d’abord revenir sur ce titre qui, comme à mon habitude, est la parodie que j’associe à un événement.

Ce « je rigole » c’est celui qu’à plusieurs reprises j’ai pu observer chez certains adolescents dans l’établissement médico-social dans lequel je travaillais. Ces derniers me lançaient ce « je rigole », ainsi qu’à d’autres professionnels, généralement lorsqu’il venait d’insulter copieusement l’un de leurs camarades ou après sans ce préalable lexical de l’insulte ils venaient de molester l’un des leurs.

JEU RIGOLE

Une « insulte » ou une « injure », c’est souvent du « cru » : c’est-à-dire un amalgame de la crudité et de la croyance du signifié, sans autre préalable ; ou bien c’est un coup qui est porté de manière amusée laissant percevoir une certaine « jubilation » et je dis bien jubilation procurée par cet acte. Quant à l’explication, une fois l’acte pointé par l’adulte, par le professionnel, il n’est justifié que par ce « je rigole ! ». Louis Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit nous invite d’ailleurs à nous méfier des mots : « Avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment, ils ont l’air de rien les mots, pas l’air de dangers bien sûr, plutôt de petits vents, de petits sons de bouche, ni chauds, ni froids, et facilement repris dès qu’ils arrivent par l’oreille par l’énorme ennui gris mou du cerveau. On ne se méfie pas d’eux des mots et le malheur arrive. »

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