Je pense que cette jouissance que je nomme sacrale est au carrefour des trois jouissances construites par Lacan, je la situerais plus proche de l’imaginaire, du symbolique avec une entame par le réel, mais pas trop car elle est limitée.

1. L’adoration de la terre

Les augures printaniers – Danse des adolescentes Le sacre du printemps occupe dans la musique du 20° siècle, une position particulière et solitaire. Cette œuvre semble à un carrefour, marque étrangement un moment de suspension, semble s’inscrire à rebours de l’évolution amorcée (dodécaphonisme, musique sérielle) faisant sur certains plans le bilan du passé et sur d’autres jetant des lumières visionnaires. Sacrifice donc de la musique romantique, de ces orgies propices au pathos, à l’exaltation des passions (Wagner, Mahler, Strauss) au profit d’innovations rythmiques, polytonales, sonores. La forme du sacre est discontinue et cloisonnée en une suite de tableaux de la Russie païenne. Toutes les notions architecturales traditionnelles sont remises en question : les concordances, rappels ou reprises thématiques, réexpositions y sont rares, les développements récapitulatifs pratiquement absents. Pour élaborer cette œuvre, Stravinsky est parti d’un rêve : « la vision d’un grand rite païen, de vieux sages assis en cercle observent une jeune fille qu’ils sacrifient pour rendre propices les dieux du printemps, celle-ci doit danser jusqu’à la mort… ». Pour l’articulation avec la psychanalyse, c’est intéressant car on sait que le rêve est une production psychique de caractère énigmatique, dans laquelle le psychanalyste reconnaît l’effet d’un travail d’élaboration et de chiffrage du désir inconscient ; de ce fait, le rêve est une voix privilégiée d’accès à l’inconscient. C’est un rébus qu’il faut traiter comme un texte sacré, c’est-à-dire déchiffrer selon des lois. Le rêve est l’accomplissement (déguisé) d’un désir réprimé-refoulé.

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