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Olivier Lenoir – C’est comment l’autre côté ?

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Kubin a très bien connu les nouvelles théories du maître viennois, il a lu la Traumdeutung, son beaufrère est féru de psychanalyse freudienne et Kubin lui-même semble assez bien connaître le sujet, à la mode à cette époque. Il serait freudien plutôt que jungien malgré son passage par le bouddhisme vers 1906. Pour lui, L’interprétation des rêves de Freud présente un intérêt certain et le rêve est lié à la subjectivité « mon monde onirique est aussi réel que votre réalité » dit-il lorsqu’en 1922 son éditeur veut transformer le titre d’un recueil de dessin qu’il avait nommé « Mon monde de rêves » en « Le pays du rêve », selon lui il n’existe pas un pays du rêve qui serait commun à tous, il n’existe que des mondes oniriques singuliers et personnels, pas d’archétype ! Son approche est profondément subjective.

UNE BRÈVE BIOGRAPHIE Alfred Kubin (1877‑1959) se décrit lui‑même comme « organisateur de l’incertain, de l’hybride, du crépusculaire, du rêve ». Contexte historique Nous sommes en Autriche à la fin XIX°, au coeur d’une société bourgeoise dont les tares ont fait le lit des théories freudiennes. Globalement, la science a triomphé, au moins son avatar la technique, on découvre les derniers recoins du monde, les fins fonds de l’Afrique et de l’Amérique, la rationalité prétend dominer le monde et pourtant les signes de la décadence s’accumulent et bientôt l’effondrement redouté va se produire, la grande guerre, le grand bouleversement de l’Europe et peut‑être plus encore de l’Europe centrale où Kubin a grandi. Une aristocratie sclérosée dont la meilleure représentation pourra se lire chez Musil décrivant la décadence de l’empire millénaire, L’homme sans qualités qui est aussi le voyage en grande cacanie, voici le monde où naît Alfred Kubin.

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